Lanceur d’alerte en entreprise : que dit la loi ?

  Lanceur d'alerte en entreprise

La notion de lanceur d’alerte a pris de l’ampleur dans le monde suite aux révélations des « Panama papers » ou du scandale du Médiator. En France, jusqu’en 2015, six lois ont concerné les lanceurs d’alertes dans différents domaines (financier, sanitaire, environnemental…) sans donner de définition, ni de statut au lanceur d’alerte. Depuis les lois Sapin II et Défenseur des droits du 9 décembre 2016, une définition est clairement établie et le lanceur d’alerte est davantage protégé.

La loi Sapin II définit donc le lanceur d’alerte comme “une personne physique qui révèle ou signale, de manière désintéressée et de bonne foi, un crime ou un délit, une violation grave et manifeste d’un engagement international régulièrement ratifié ou approuvé par la France, d’un acte unilatéral d’une organisation internationale pris sur le fondement d’un tel engagement, de la loi ou du règlement, ou une menace ou un préjudice graves pour l’intérêt général, dont elle a eu personnellement connaissance”.

Quelle est la procédure d’alerte en entreprise ?

Trois étapes encadrent la procédure de signalement:
– Si un dysfonctionnement (ou un abus) est constaté par un salarié, il a le devoir d’alerter son supérieur hiérarchique , direct ou indirect, ou un référent désigné par celui-ci. Des procédures appropriées de recueil des signalements doivent être établies par toutes les personnes morales d’au moins cinquante salariés. Dans cette hypothèse, l’employeur doit procéder à la diffusion du recueil par tout moyen.
– Dans un second temps si le destinataire de l’alerte, dans un délai raisonnable, ne procède à aucune vérification, le lanceur d’alerte peut contacter des « interlocuteurs externes » (défenseur des droits, l’autorité administrative ou l’autorité judiciaire).
– Enfin, si les deux premières étapes ont été respectées, à défaut de traitement du signalement par les “interlocuteurs externes” précités dans un délai de trois mois, la loi permet au lanceur d’alerte d’alerter les médias et de rendre public le signalement.

Sanctions et protection

Toute personne qui divulgue des informations permettant l’identification du lanceur d’alerte ou de la personne mise en cause, risque deux ans de prison et 30 000 euros d’amende. De la même manière, toute personne qui fait obstacle, de quelque façon que ce soit, à la transmission d’une alerte est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.

La loi Sapin II protège ainsi le salarié lanceur d’alerte contre d’éventuelles sanctions disciplinaires en représailles (licenciement, avertissements…) et lui permet de préserver son anonymat lors du signalement. La nouvelle législation aggrave également les peines encourues en cas de plainte abusive pour diffamation émanant de l’entreprise : l’amende passe de 15 000 euros à 30 000 euros (articles 177-2 et 212-2 du code de procédure pénale).

En revanche, pour protéger l’employeur d’éventuels abus des salariés, en cas de faux signalement le lanceur d’alerte peut être poursuivi et risque jusqu’à 30 000 euros d’amende.

Vos obligations d’employeur

– Pour permettre de consigner les éventuelles alertes sanitaires et environnementales, vous devez laisser à disposition de vos salariés le Registre des Alertes : Santé Publique et Environnement. (Code du travail, art. L. 4133-1)

– Pour les entreprises de 11 salariés ou plus, vous devez mettre en place le registre spécial danger grave et imminent. Le danger est dit grave s’il peut provoquer un accident du travail ou une maladie professionnelle grave. C’est dans ce registre que le salarié (ou le CSE) signalera une défectuosité dans un système de l’entreprise ou un danger. Il s’accompagne d’un droit de retrait au bénéfice du salarié pour lui permettre de se retirer d’une situation dans laquelle il a un motif raisonnable de penser qu’elle présenterait un danger grave et imminent pour sa vie… (L.4131-3)

Registre des alertes santé publique et environnement :

Tout salarié alerte son employeur s’il estime, de bonne foi, que les produits ou procédés de fabrication utilisés dans l’entreprise font peser un risque sur la santé publique ou sur l’environnement. Il n’entraîne pas de droit de retrait (Article L4133-1).

Cet article a été actualisé le 25 mars 2023.

Fournissez-vous ces registres : Registre des alertes santé publique et environnement, Registre danger grave et imminent

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